Tailler les pommiers
La taille des pommiers est bien plus qu'une simple opération d'entretien : c'est une pratique ancestrale qui combine savoir-faire technique et compréhension des cycles naturels de l'arbre. Si vous souhaitez récolter des pommes juteuses, croquantes et en abondance, maîtriser l'art de la taille est indispensable. Un pommier bien taillé est non seulement plus productif, mais il est aussi plus résilient face aux maladies et au vieillissement. Ce guide complet vous accompagne pas à pas pour faire de cette tâche un moment enrichissant et bénéfique, que vous soyez un jardinier amateur ou un passionné d'arboriculture. Nous y aborderons les raisons pour lesquelles la taille est cruciale, les meilleures périodes pour intervenir, les techniques adaptées à chaque étape de la vie de l'arbre, ainsi que les erreurs fréquentes à éviter.
Prenez le temps d’observer vos pommiers avant de commencer. Chaque arbre est unique, et sa structure révèle son histoire ainsi que ses besoins. Avec un peu de patience et les bons outils, vous pourrez transformer vos arbres fruitiers en véritables joyaux de votre verger.
Pourquoi tailler les pommiers ?
La taille des pommiers joue un rôle crucial dans leur entretien et leur production. Tout d'abord, elle favorise la fructification en permettant à l'arbre de concentrer son énergie sur les fruits. Elle améliore également la santé de l'arbre en éliminant les branches mortes ou malades, limitant ainsi les risques de propagation des maladies. De plus, une taille bien réalisée facilite la récolte en rendant les fruits plus accessibles et prolonge la durée de vie de l'arbre en renforçant sa structure.
Quand tailler les pommiers ?
Le choix de la période de taille dépend des objectifs souhaités. En hiver, de novembre à mars, on procède à la taille de formation pour façonner l'arbre et favoriser sa croissance future. Cette période est idéale car l'absence de feuilles permet de mieux visualiser la structure de l'arbre. En été, entre juin et août, la taille en vert permet de limiter la vigueur des branches et d'améliorer l'exposition des fruits à la lumière. Cette étape corrige aussi certains déséquilibres apparus après la taille hivernale.
Types de tailles
Taille de formation
La taille de formation est une étape essentielle pour les jeunes pommiers. Elle vise à façonner la structure de l’arbre dès ses premières années afin qu’il puisse supporter une production de fruits importante et durable. Pour ce faire, il est important de choisir les branches charpentières principales, généralement trois à cinq, qui formeront l’ossature de l’arbre. Ces branches doivent être bien espacées et orientées de manière à garantir une répartition homogène de la lumière.
Les branches concurrentes, c’est-à-dire celles qui poussent dans la même direction ou qui risquent de se croiser, doivent être éliminées. Une fois la structure de base définie, il est crucial de veiller à ce que la tige principale reste dominante. La suppression des pousses latérales trop vigoureuses est également nécessaire pour éviter un déséquilibre.
Taille de fructification
Pour les pommiers matures, l’objectif principal de la taille de fructification est d’encourager une production optimale de fruits tout en préservant la santé de l’arbre. Cette taille s’effectue en hiver, lorsque l’arbre est au repos, et consiste à éliminer les branches qui ne contribuent pas directement à la fructification. Les branches secondaires encombrantes, orientées vers l’intérieur ou qui s’entrecroisent, doivent être retirées pour favoriser une bonne circulation de l’air et de la lumière.
Une attention particulière doit être portée aux bourgeons à fruits. Ces petits renflements sur les branches, souvent appelés lambourdes, sont les sites où se développeront les pommes. Il est donc important de ne pas les couper. Pour maximiser la production, on privilégiera les branches horizontales, plus aptes à porter des fruits, par rapport aux branches verticales, souvent plus vigoureuses mais moins productives.
La taille de fructification peut également inclure une réduction des gourmands, ces pousses verticales vigoureuses qui apparaissent souvent après une taille importante. Les gourmands consomment une grande quantité d’énergie et doivent être supprimés pour diriger les ressources vers les parties fructifères de l’arbre.
Taille d’entretien
La taille d’entretien, réalisée annuellement, est indispensable pour maintenir la santé globale de l’arbre. Elle consiste à éliminer les bois morts, les branches malades ou endommagées et celles qui présentent des signes de faiblesse. Cette opération permet de réduire les risques de propagation des maladies et des parasites.
En plus du nettoyage, la taille d’entretien vise à maintenir un équilibre entre le renouvellement des branches et la fructification. Par exemple, en supprimant les branches âgées ou épuisées, on stimule la croissance de nouvelles pousses plus vigoureuses. Cette taille permet également de contrôler la hauteur et l’envergure de l’arbre, facilitant ainsi les travaux de récolte et d’entretien tout au long de l’année.
Une taille d’entretien régulière contribue non seulement à la longévité de l’arbre, mais aussi à la qualité des fruits produits. Un arbre bien entretenu est moins sujet aux stress environnementaux et offre une récolte abondante et homogène.
Préparer ses outils
Des outils bien entretenus sont indispensables pour une taille efficace et sans risque pour l’arbre. Un sécateur propre et affûté garantit des coupes nettes, réduisant les risques de blessures et d’infections. Une scie arboricole et un élagueur peuvent être nécessaires pour les branches plus épaisses. Après chaque utilisation, les outils doivent être désinfectés avec de l’alcool pour éviter la propagation de maladies.
Étapes pour tailler un pommier
Étape 1 : Observer l'arbre
Avant de commencer, consacrez du temps à une observation minutieuse. Analysez la structure globale de votre pommier, en repérant les branches principales qui constituent la charpente de l’arbre. Vérifiez la présence de bourgeons à fruits, situés sur des excroissances appelées lambourdes. Identifiez aussi les bois morts, les branches cassées ou infectées. Observez également les zones trop denses où les branches se chevauchent ou entravent la circulation de l’air et de la lumière. Cette étape d’observation est cruciale, car elle vous permettra d’établir un plan d’action clair et de mieux comprendre les besoins spécifiques de votre arbre en fonction de son âge et de son état de santé.
Étape 2 : Préparer les outils
Avant toute intervention, vérifiez vos outils pour garantir une coupe nette et précise. Assurez-vous que vos sécateurs, scies arboricoles et élagueurs sont propres et bien affûtés. Utilisez des gants de protection pour éviter les blessures et désinfectez vos outils avec de l’alcool avant et après leur utilisation pour prévenir la propagation de maladies entre vos arbres. Pensez à disposer d’un escabeau sécurisé si votre arbre est de grande taille, pour travailler en toute sécurité et atteindre facilement les branches supérieures.
Étape 3 : Supprimer les bois morts
Commencez par éliminer les branches mortes, cassées ou visiblement malades. Ces bois inutiles affaiblissent l’arbre en consommant des ressources précieuses et peuvent devenir des foyers pour les parasites et les maladies. Coupez-les proprement au plus près de leur point d’attache sur le tronc ou la branche principale, en prenant soin de ne pas laisser de chicots (morceaux de branche non coupés qui peuvent devenir des points d’infection).
Étape 4 : Retirer les branches croisées
Repérez les branches qui se croisent ou frottent entre elles. Ces interactions créent des blessures susceptibles de faciliter l’intrusion de maladies. Éliminez les branches les moins bien positionnées, en priorisant celles orientées vers l’intérieur de l’arbre ou celles qui poussent dans une direction non souhaitée. Cela permettra d’éviter les frictions à l’avenir et d’assurer une croissance équilibrée.
Étape 5 : Éclaircir la couronne
Pour garantir une bonne circulation de l’air et une pénétration optimale de la lumière dans toutes les parties de l’arbre, procédez à un éclaircissement de la couronne. Enlevez les branches secondaires en surnombre, notamment celles situées au centre de l’arbre. Assurez-vous de conserver une forme harmonieuse et équilibrée pour maximiser l’efficacité de la photosynthèse, tout en favorisant la maturation uniforme des fruits.
Étape 6 : S’occuper des gourmands
Les gourmands sont des pousses verticales vigoureuses qui apparaissent souvent sur le tronc ou les branches principales après une taille importante ou un stress subi par l’arbre. Ces pousses consomment beaucoup d’énergie au détriment des fruits. Retirez-les régulièrement dès leur apparition pour permettre à l’arbre de canaliser ses ressources vers les parties fructifères.
Étape 7 : Tailler au bon endroit
Pour une croissance optimale, réalisez vos coupes juste au-dessus d’un bourgeon orienté vers l’extérieur. Cela favorise une ramification dirigée vers l’extérieur de l’arbre, garantissant une meilleure répartition de l’air et de la lumière. Taillez en biais pour éviter que l’eau ne stagne sur la plaie, ce qui pourrait entraîner des infections.
Étape 8 : Appliquer un mastic cicatrisant (facultatif)
Pour les coupes de grande taille (supérieures à 2 cm de diamètre) ou si votre arbre est fragile, appliquez un mastic cicatrisant sur les plaies. Cela aidera à protéger les zones coupées contre les parasites, les champignons et les infections, tout en accélérant la cicatrisation.
Étape 9 : Vérifier et ajuster
Une fois la taille terminée, faites un dernier tour de l’arbre pour évaluer votre travail. Assurez-vous que la structure est harmonieuse, bien équilibrée et exempte de branches problématiques. Vérifiez également que toutes les plaies de coupe sont propres et nettes. Si nécessaire, effectuez quelques ajustements pour garantir une croissance saine et ordonnée.
Étape 10 : Nettoyer les outils
Une fois votre travail terminé, nettoyez soigneusement vos outils en les désinfectant à l’alcool. Cela évitera de transmettre d’éventuelles maladies d’un arbre à un autre lors de futures interventions. Rangez vos outils dans un endroit sec et à l’abri de l’humidité pour prolonger leur durée de vie.
Techniques et pratiques pour une taille efficace
Identifier les bourgeons
Il est crucial de différencier les bourgeons à bois, allongés et pointus, des bourgeons à fruits, plus ronds et bombés. Les premiers produisent des branches et des feuilles, tandis que les seconds donneront des fleurs et des fruits. Cette distinction guide les choix de coupe pour optimiser la fructification.
Réaliser une coupe correcte
Pour éviter l’accumulation d’eau sur les plaies, il faut couper en biais, juste au-dessus d’un bourgeon orienté vers l’extérieur. Cela favorise une croissance harmonieuse et limite les risques d’infection.
Supprimer les branches indésirables
Les branches cassées, mortes ou qui s’entrecroisent doivent être éliminées. De même, les gourmands, pousses verticales poussant souvent au détriment des branches horizontales, doivent être régulièrement retirés pour rediriger l’énergie de l’arbre.
Encourager la ventilation et la lumière
Une bonne aération entre les branches limite les maladies fongiques et permet une meilleure exposition des fruits au soleil, garantissant leur développement optimal.
Gérer la taille selon l’âge du pommier
Pour un jeune pommier, les premières années sont consacrées à établir une structure de base solide. Il est essentiel de sélectionner les branches charpentières principales et de supprimer celles qui sont mal positionnées. Un pommier mature, en revanche, nécessite un équilibre entre fructification et renouvellement des branches. Pour les pommiers anciens, une taille de rajeunissement doit être effectuée progressivement pour éviter de stresser l’arbre.
Erreurs courantes à éviter
- Taille excessive : Couper trop de branches en une seule fois peut affaiblir l’arbre. Cela stimule souvent une croissance excessive de gourmands (pousses verticales non productives), qui consomment beaucoup d’énergie sans apporter de bénéfices à la fructification.
- Négliger l’élagage annuel : Un pommier non taillé régulièrement peut devenir encombré de branches inutiles, ce qui réduit la production de fruits et augmente les risques de maladies dues à un manque de circulation d’air et de lumière.
- Couper trop près du tronc : Réaliser des coupes trop proches du tronc ou des branches principales peut entraîner des blessures difficiles à cicatriser, exposant l’arbre aux infections et aux parasites.
- Laisser des chicots : Les morceaux de branches mal coupées (chicots) peuvent devenir des foyers d’infections et affaiblir l’arbre. Assurez-vous de faire des coupes propres, au plus près du point d’attache mais sans endommager le collet.
- Utiliser des outils sales ou mal affûtés : Les outils émoussés causent des déchirures sur les branches, ralentissant la cicatrisation et augmentant le risque de contamination par des agents pathogènes.
- Ne pas respecter le rythme de l’arbre : Tailler à une mauvaise période, comme en automne, peut provoquer une croissance non désirée ou exposer l’arbre aux rigueurs de l’hiver sans qu’il ait eu le temps de cicatriser.
Bénéfices d’une taille réussie
- Amélioration de la qualité des fruits : Une taille bien effectuée permet de concentrer les ressources de l’arbre sur les fruits, les rendant plus gros, plus sucrés et d’une qualité uniforme. Ces pommes sont idéales pour la consommation directe ou la transformation.
- Santé globale de l’arbre : En supprimant les branches mortes ou malades, la taille limite la propagation des maladies et des parasites. L’arbre devient plus résistant aux conditions climatiques et reste vigoureux plus longtemps.
- Longévité accrue : Un arbre bien taillé est moins sujet à des contraintes inutiles, ce qui prolonge sa durée de vie tout en maintenant une production optimale au fil des ans.
- Facilité d’entretien : La structure aérée et bien équilibrée rend les opérations de traitement, de récolte ou de nettoyage beaucoup plus simples et efficaces.
- Esthétique du verger : Une taille régulière garantit une apparence harmonieuse et équilibrée des arbres, contribuant à l’attrait visuel du verger.
- Réduction des risques environnementaux : Une meilleure circulation de l’air et une exposition optimale au soleil diminuent le risque de maladies fongiques et de pourriture des fruits.
FAQ : Réponses à vos questions
Peut-on tailler un pommier en automne ?
Il est déconseillé de tailler un pommier en automne, car cela pourrait stimuler une croissance non souhaitée avant l’arrivée des gelées. Préférez la taille hivernale ou estivale selon vos objectifs.
Que faire si un pommier est trop vieux ?
Même un vieux pommier peut être rajeuni grâce à une taille progressive sur plusieurs années. L’objectif est de restaurer la structure de l’arbre sans le stresser excessivement.
Dois-je utiliser un mastic cicatrisant après la taille ?
Bien que facultatif, l’utilisation d’un mastic cicatrisant est recommandée pour les coupes de grande taille afin de réduire les risques d’infection.
Le mot de la fin
La taille des pommiers est un processus complexe mais essentiel pour assurer leur santé et leur productivité. Avec les bonnes pratiques, des outils adaptés et une attention particulière à l’âge et à la structure de l’arbre, vous pouvez transformer votre verger en un espace fertile et esthétique. Prenez le temps d’observer vos arbres, de planifier vos interventions et d’agir en respectant leur rythme naturel.
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