Voyage surprenant au centre d’un petit jardin

Voyage surprenant au centre d’un petit jardin

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Été 2020, un été qu’on oubliera pas à cause d’un virus qui aura changé nos habitudes profondément.

A l’heure des grandes vacances de juillet et d’août, là où une année en arrière seulement on pouvait partir à l’autre bout du monde ou juste traverser une frontière pour trouver le dépaysement, l’exotisme, quelque chose pour casser notre routine quotidienne. Mais aujourd’hui, quand il est possible de voyager à l’étranger, on nous demande et recommande de ne pas partir et rester dans son pays afin d’éviter les dangers de contagions.

Voyager de janvier à décembre

Bien sûr, son propre pays peut encore nous réserver de belles surprises. Mais il y a un monde encore plus surprenant, grouillant de vie où chaque instant est synonyme d’émerveillement. Et ceci toute l’année! Vous n’avez qu’à regarder par la fenêtre, il est là, ce vaste petit monde parfois encore insondé: votre jardin. Qu’importe la taille, la nature se satisfait parfois de peu pour une explosion de sensations visuelles, sonores, tactiles ou encore odorantes.

Dans un village de Bourgogne, en France, Fred Bernard, dessinateur de bandes dessinées et de jeunesse, a acquis un terrain de 700 m2 en 1999. Il a commencé alors à planter graines, bulbes et boutures pour se créer son propre jardin telle une vraie jungle avec ses allées et ses zones d’ombre et de lumière. Il a alors commencé à griffonner les dates de floraison des fleurs et parfois le nom des oiseaux et des insectes. Mais c’est une quinzaine d’années plus tard qu’il s’installe définitivement dans ce véritable théâtre de verdure vivant avec sa femme et son fils. C’est là que le périple commence, Fred Bernard nous emmène dans son “Carnet d’un voyageur immobile dans un petit jardin” (éditions Albin Michel) au sein de son jardin mois après mois, de février 2018 à mai 2019, dont il retranscrit la vie à travers de superbes dessins entre l’enfantin et le naïf, mais toujours très drôles, et quelques légendes et anecdotes bien à propos pour décrire de quoi il s’agit (et parfois, ce petit monde insoupçonné nous parle).

La vie, la morte, la renaissance, la disparition

“Chaque animal réalise sa part de vie et de beauté”, a écrit Aristote. Fred Bernard complète en précisant donc que chaque bête - petite ou grande - qui disparaît emporte vie et beauté avec elle. De même pour les plantes. C’est avec un brin de nostalgie qu’il constate que la vie y est moins fourmillante que durant son enfance. Mais cela ne l’empêche de loin pas d’explorer de petit écosystème tout au long de l’année où il se passe tant et tant de choses, de beautés simples pour qui aime et et sait ouvrir les yeux et observer.

Le carnet début avec les mois de mars et avril, quand sortent les nivéoles et les perce-neiges. Ces deux mois seuls tiennent sur une seule page. Mais cela uniquement parce que le dessinateur ne savait pas encore où ses recherches allaient le mener et qu’elles allaient devenir un livre, nous précise un escargot, compagnon de route. C’est donc à partir d’avril que les mois semblent prendre plus de temps et donc plus de pages. Les fleurs y sont décrites et dessinées, nommées bien entendu (aussi avec leur nom scientifique latin). Mais il n’y a pas que les plantes dans un jardin: mésange charbonnière, mésange nonnette ou encore mésange huppée passent, s’envolent, voltigent entre les branches et sont aussi bien dessinées et racontées que la végétation. Bien entendu, les insectes de toute sorte ne sont pas oubliés. Parfois les noms sont expliqués, comme pour la plante nommée le Sceau de Salomon: vous savez pourquoi on la nomme ainsi? A découvrir dans le livre, bourré d’anecdotes de la sorte. On apprendra ainsi comment le printemps et l’hiver sont nés dans la mythologie de la Grèce antique.

Les jours passent, de même les mois. Quand les premières fleurs fanent, d’autres viennent les remplacer, la vie de ce petit théâtre à ciel ouvert ne s’arrête jamais. Après la canicule de l’été viennent enfin les pluies d’automne et ses couleurs tout aussi foisonnantes et variées. Les corneilles attendent le passage des voitures pour casser les noix au sol et ainsi pouvoir se nourrir de la chair. Les vignes vierges “rougissent de plaisir”. Là où l’on voit trop souvent que du gris pendant cette période, Fred Bernard nous montre avec un talent certain les couleurs de la vie qui continue sa route et son cycle. Puis la nature s’endort, l’hiver arrive. On peut encore observer la nature vivante avec les traces de pattes d’animaux sauvages dans la neige. Si vous pensez qu’il ne se passe plus rien au jardin, penchez vous donc un peu pour apercevoir les bourgeons en train de naître en janvier sur les rosiers, “les graines pleines de promesses” selon les mots de l’auteur.

Pour les jardinier amateurs, les jeunes et les moins jeunes

Puis la boucle recommence, toujours avec quelques nouveautés à observer chaque jour, la symphonie du printemps reprends son air déjà connu mais toujours un peu différent de l’année précédente.

Quand on prend ce grand livre dessiné et illustré, on s’attend à ce qu’il s’adresse plutôt aux plus jeunes d’entre nous. Détrompez-vous: s’il est bien entendu adapté à des enfants, il satisfera tout autant la curiosité des adultes, jardiniers ou non. Fred Bernard nous invite à nous arrêter quelques instants pour observer la nature si complexe dans son apparente simplicité. Alors, la prochaine fois que vous mettez le nez dehors, que vous vous posez dans votre jardin sur un transat ou que vous passez dans un petit parc verdoyant, prenez le temps de vous interrompre un instant et posez vous pour scruter les petites surprises et beautés que vous offre la nature.