Les jardiniers et les jardinières le savent bien, le 25 novembre c’est la Sainte-Catherine. Un fameux dicton dit qu’à cette date, tout bois prend racine. En effet, c’est le départ pour la saison de plantation de nombreux végétaux, notamment les arbres fruitiers, les rosiers, les arbustes… Mais rassurez-vous, les plantations se feront durant tout le repos végétatif jusqu’au débourrement (moment où la plante sort de repos au début du printemps).
La réalité n’est pas si évidente que ça, effectivement, cela va dépendre de votre climat et de votre situation. Cette année 2022 a été exceptionnellement chaude et nous avons eu un automne très doux. Les feuilles ne sont encore pas toutes tombées et donc tous les végétaux ne sont pas totalement en dormance. De même, une année plus fraîche, il pourrait y avoir de gros gels déjà à la fin novembre. La période ne serait pas idéale pour planter.
Pourquoi planter en automne ?
Il y a de nombreux avantages à planter à l’automne, mais le principal c’est d’agir en période de repos. Cela va éviter les stress pour les plantes, car la période de plantation est toujours un choc. Elles ont eu une vie précédente en jardinerie où les plantes sont bichonnées pour être les plus belles possibles.
L’automne est bien souvent une saison où l’on délaisse le jardin avec la météo moins favorable. Elle devrait cependant être considérée comme un second printemps. Les plantations de quelques vivaces, mais aussi des arbres et arbustes profiteront de l’automne et de l’hiver pour bien s’enraciner. Leur système racinaire sera plus résistant avant de subir les étés de plus en plus chauds que l’on a actuellement.
Les jardineries auront aussi une plus large palette de végétaux à planter en automne, car elles disposent de plus de place pour les achalander. Un dernier avantage, le poids ! Le contenant et toute la terre prennent beaucoup de place et de poids lors de l’achat. Cela sera plus facile à transporter
Que planter en automne ?
Tant que les températures restent hors gel, il est possible de planter tous les végétaux à feuillage caduc. On pense bien souvent aux arbres fruitiers, mais la collection ne se cantonne pas qu’à eux. Les rosiers, les arbustes (c’est donc le moment idéal pour planter une nouvelle haie indigène), les arbres d’ornement, les petits fruits tels que les groseilliers et les cassissiers, lianes fruitières…
Il existe aussi des variétés d'arbres fruitiers qui se plantent en pot et s'installeront parfaitement sur votre terrasse ou votre balcon.
Les conifères et les végétaux à feuillage persistant, je vous conseille plutôt de les planter en octobre ou en mars.
Une plante à racines nues qu’est-ce que c’est ?
Une plante à racines nues est un végétal qui a été cultivé en pleine terre, sans pot, et qui est arrachée à l’automne pour être vendu. Elle est souvent vendue en jardinerie dans des palettes remplies de sciures ou avec un peu de terreau ou en jauge.
En achetant des plantes à racines nues, ce sont souvent des plantes locales et moins chères et cela vous permettra de faire de économies surtout si vous avez de nombreuses plantations à faire. Soyez tout de même vigilant au moment du choix lorsque vous achetez à l’état des racines de la plante. L’arrachage peut être un peu brutal et les racines peuvent être cassées ou déchirées. Elles peuvent aussi avoir séché si les arbres ou les arbustes sont restés en vente trop longtemps. Méfiez-vous donc des soldes sur ces plantes-là.
Comment planter ?
Je ne peux pas planter mon arbre ou mon arbuste tout de suite, que faire ?
Il se peut que vous n’ayez pas le temps de planter ou que les intempéries automnales ou hivernales vous empêchent de planter.
Pour les végétaux à racines nues, il est crucial de ne pas laisser leurs racines à l’air. Il risque de sécher. Procédez à une mise en jauge pour faire patienter vos végétaux. La mise en jauge consiste à planter de manière provisoire dans un endroit de votre jardin. Les arbres et les arbustes pourront ainsi végéter sans compromettre la réussite de leur future plantation.
Choisissez tout de même un endroit à l’abri des forts vents et du plein sud. Une solution simple est souvent dans une parcelle, laissée libre dans votre potager. Creusez une tranchée ou un trou de la taille de la motte de la plante. Installez les plants les uns contre les autres. Les plants attachés en fagots doivent être déliés. Recouvrez les racines de terre, tassez pour que la terre soit bien en contact avec les racines et arrosez si besoin. Une fois mis en jauge, les plants peuvent patienter quelques semaines avant d’être mis en terre définitivement ; veillez toutefois à ce qu’ils n’aient pas le temps de s’enraciner dans la jauge.
Pour les végétaux vendus en pot, leur plantation peut se faire presque toute l’année. Mais ne les laissez pas sécher au plein soleil. Placez-les, par exemple, le long de votre façade nord. Après l’achat de vos plantes, arrosez-les bien et surveillez l’arrosage très attentivement jusqu’à la plantation.
Étape 1 : Creuser les trous de plantation
Pour offrir de bonnes conditions de plantations à son arbre ou son arbuste, il est important de faire un trou de taille suffisante. L’idéal est d’utiliser une bêche et de creuser profond et assez large. Ne voyez pas trop petit : le trou doit bien être grand que la taille des racines ou de la motte. De cette façon, vous assurez à votre plante une terre plus meuble et cela facilitera grandement son installation. Privilégiez un jour où la terre n’est pas trop gorgée d’eau.
Quand vous creuserez votre trou, vous allez vous apercevoir que les premiers centimètres de la terre sont beaucoup plus foncés que la terre plus profonde. En effet, elle est plus riche. Je vous recommande de les séparer en deux tas pour apporter la terre plus riche au moment de reboucher le trou aux racines de votre plante.
Étape 2 : Installer un tuteur
Pour les plantations qui le nécessitent notamment les arbres d’ornement et fruitiers, il est conseillé d’installer un tuteur. Pour éviter d’abîmer les racines de l’arbre, je vous recommande de l’installer avant la plantation de l’arbre, mais après avoir creusé le trou. Il sera plus facilement mis en place et sera solidement ancré.
N’hésitez pas à vérifier la bonne verticalité de votre tuteur avec un niveau à bulle ou avec une application sur votre portable. N’hésitez pas à le caler en faisant une petite butte de terre au fond du trou.
Étape 3 : Appliquer un pralin
À quoi sert un pralin ?
Bien que l’adage dise qu’à la Sainte-Catherine tout boit prend racine, il serait bête de ne pas se donner toutes les chances de réussite de nos plantations. Le pralin est une astuce qui augmente le succès de celle-ci. Cette technique consiste à enrober les racines des plants vendus à racines nues d’un mélange aux multiples vertus.
- Réhydrater les racines qui sont souvent un peu desséchées.
- Aider la cicatrisation des racines coupées lors de l’arrachage
- Favoriser l’émission de nouvelles racines
- D’enrober les pour qu’il n’y ait aucune poche d’air entre la terre et les racines
- Aider la bonne reprise végétale après la plantation
Comment fabriquer un pralin ?
Je pense qu’il existe autant de recettes de pralin qu’il y a de jardiniers et de jardinières qui appliquent cette méthode. Je vais vous donner ma méthode :
Première chose à faire est de se munir d’un récipient suffisamment large et profond permettant d’accueillir l’ensemble du système racinaire de votre arbre ou votre arbuste (souvent une vieille poubelle ou un grand sceau de jardinage fait l’affaire.
Mettez-y un bon volume d’eau de préférence de pluie pour éviter le chlore.
Émiettez de la terre de votre jardin et ajoutez-la dans l’eau. Là si vous avez des taupinières, c’est le bon moment d’utiliser la terre extraite.
Si vous avez de la bouse de vache, ajoutez-la à votre mélange. Sinon du bon compost bien mûr ou de l’argile fera parfaitement l’affaire.
Certains anciens de mon village ajoutaient même un verre de lait qui est soi-disant réputé pour améliorer l’enrobage des racines. J’avoue n’avoir jamais cru à cette méthode.
Enfin, munissez-vous d’un bâton et mélangez bien jusqu’à ce que la préparation soit homogène. La bonne consistance est celle d’une pâte à crêpe. Elle doit bien adhérer aux racines. Selon les cas, ajoutez un peu d’eau ou un peu de terre pour obtenir la bonne consistance.
Étape 4 : installer la plante
Avant d’installer l’arbre ou l’arbuste dans son trou, inspecter une dernière fois le système racinaire de votre arbre. S’il y a des morceaux déchirés ou abîmés, retirez-les. Rafraîchissez les tailles des racines qui ont été faites au préalable.
Placer votre arbre dans le trou en essayant de placer le tuteur face aux vents dominants. Ainsi, on protégera le tronc de l’arbre. Veillez à ce que le point de greffe des arbres fruitiers soit au moins 10 cm au-dessus du niveau de la terre. Ajoutez éventuellement un peu de terre au fond du trou. C’est important pour éviter bien des problèmes par la suite. Au contraire, pour les plantations en motte, il faudra recouvrir celle-ci d’environ un demi-centimètre.
Étape 5 reboucher
Si vous êtes dans une terre très pauvre, mélangez la terre extraite dans les premiers centimètres avec du compost et éventuellement même de la terre végétale achetée en jardinerie. Commencez par reboucher le trou par la terre extraite à la surface enrichie. N’hésitez pas à un peu secouer l’arbre pour bien la répartir. Tassez bien à l’aide du talon pour éviter de former des poches d’air. Cela serait nuisible à la plante.
Étape 6 : Former une cuvette
Il sera important de bien arroser vos plantations au moins la première année. Pour faciliter cette opération formez une cuvette. Cette technique est surtout utilisée pour les arbres et les arbustes qui sont plus lents à s’installer. Il s’agit de former une sorte de barrage d’environ 10 à 15 cm de hauteur tout autour du trou de plantation. Quand vous arroserez, l’eau sera contenue et descendra en profondeur à l’endroit où la plante en a besoin.
Étape 7 : Pailler
Ajoutez une épaisseur d’au moins 5-10 cm de paillage au pied de votre plantation. Vous pouvez utiliser ce que vous avez sous la main : déchets de tontes de gazon, feuilles mortes, broyats de déchets de taille (BRF). Cela va limiter la concurrence avec d’autres plantes et limiter l’évaporation de l’eau l’été suivant donc réduire le nombre de vos arrosages.
Étape 8 : Arroser
Même si la Sainte-Catherine est au mois de novembre, et que le temps est très souvent humide, il est important d’arroser en conséquence la première fois. Pour un arbre fruitier à haute tige, il est recommandé d’apporter au moins 40 litres d’eau. Pour les plus petits sujets, il faut vous imaginer que l’eau doit atteindre le fond du trou de plantation pour vous donner un peu des idées de volumes.
Étape 9 : Attacher la plante au tuteur
Pour les arbres et les arbustes nécessitant un tuteurage, n’oubliez pas de les attacher à leur tuteur après l’arrosage. Moi je le souvent 15 jours après la plantation. Cela évitera que l’arbre ne se retrouve suspendu à son tuteur, car la terre va bien se tasser. Privilégiez des liens doux comme la fibre de coco ou les bas nylon qui ne blesseront pas la plante. Lors de l’attache, ne serez pas trop non plus. Il faut que l’arbre puisse encore grandir. Je vous recommande de surveiller les attaches au moins une fois par année.
Faire des boutures à la Sainte-Catherine
En réalité, la Sainte-Catherine ne concerne pas les plantations. Il s’agit plutôt des boutures de bois sec appelé aussi des boutures de bois dormant. Des boutures que l’on prélève sur des arbres ou arbustes ligneux en repos de végétation et hors période de gel. Ne confondez pas ce bois bien vivant, mais en repos végétatif, avec les branches mortes ou desséchées au sens réel du terme, qui elles ne donneront pas de racines!
Vous n’avez pas la main verte ? Pas de soucis, ces boutures sont extrêmement faciles à faire et ne demandent que peu de soin.
Cette méthode de multiplication ne vous coûtera presque pas un sou. C’est donc une bonne façon de multiplier des arbustes pour vos haies, etc. Faites toujours plus de boutures que vous en aurez besoin. Toutes les boutures ne prendront pas racine.
Quelles plantes se bouturent avec cette technique ?
Abélia, amélanchier, berbéris, buddleia, caryopteris, Corète du Japon, deutzia, forsythia, groseillier à fleurs, Hibiscus syriacus, hortensia, lavatère arbustive, perovskia, potentille, rosier ancien, seringat, spirée, symphorine, troène, viburnum, weigela, etc.
Du côté du verger, le figuier, la vigne (même s’il n’est pas conseillé de la multiplier ainsi), le framboisier, le groseillier et le cassissier seront très faciles à multiplier ainsi.
Comment faire une bouture de bois sec ?
Prélevez quelques pousses annuelles sur un arbuste sain et en bonne forme dès que toutes les feuilles sont tombées de la mi-novembre à la fin du mois de février.
Elles doivent être bien lignifiées et brunes, elles ont un aspect de bois morts, mais elles sont juste en repos. Ne conservez que les parties ayant le diamètre d’un crayon papier environ.
Coupez des boutures d’environ 20 cm juste au-dessus d’un nœud (bourgeon). La coupe doit être nette et effectuée en biseau, à l’aide d’un sécateur (ou d’un greffoir) affûté et désinfecté. Faites attention à ne pas écraser le bois quand vous prélevez vos boutures. La lame doit être côté bouture. Si vos rameaux sont suffisamment longs, vous pouvez prélever plusieurs boutures. Il est très important de bien être sûr de la tête du bas de la plante. Il sera important de les planter le bas en premier.
En pleine terre
Pour faire des boutures en pleine terre, il est primordial pour la réussite de bien vous occuper du sol au préalable. La terre doit être ameublie comme si vous allez effectuer un semis de petites graines.
Creusez un « pré trou » à l’aide d’un repiquoir ou d’un crayon en le plantant à la verticale dans le sol pour y introduire la bouture. Enfoncer votre bouture délicatement dans le sol en veillant à ce qu’au moins 2 yeux soient sous terre. Faites bien attention à ne pas blesser la base du morceau de bois. Recommencez ainsi pour chaque bouture tous les 10 cm le long de la ligne et 20 cm entre chaque rang. Une fois terminé, arrosez bien.
Il sera important pour que la bouture s’enracine bien de veiller à ce que le sol soit constamment humide. N’hésitez pas à installer un système de goutte-à-goutte ou tuyau microporeux si vous avez un grand nombre de boutures.
Laissez en place durant tout l’hiver sans autre soit que l’arrosage s’il devenait à faire sec. Des racines devraient apparaître avec le retour des beaux jours. Lors de la Sainte-Catherine suivante, il vous sera possible de les déterrer et de les planter à leur endroit définitif en veillant bien à enlever au moins un tiers de la partie aérienne.
En pot
Pour les plus petites quantités de boutures, il est tout à fait possible de les faire en pot. Utilisez un contenant perforé et d’un grand diamètre. Remplissez-le avec du terreau de multiplication ou de la terre de jardin mélangé à du terreau et du sable. Comme pour la pleine terre, faites un « pré trou » et enfoncez délicatement les boutures d’environ deux tiers. Arrosez bien.
Placez votre pot à l’ombre pour garantir la reprise. Il vous sera aussi possible de planter vos boutures à l’endroit définitif à l’automne suivant.